La dépendance affective ; de quoi s’agit-il ?

Arrêt sur image…

On connait sûrement quelqu’un dans notre entourage, un homme, une femme qui dans ses relations familiales ; amicales ou amoureuses est très présent ; envahissant ou collant à la limite. Quelqu’un qui donne de son temps ; de son énergie dans l’attente inconsciente d’un retour pareil, qui quand il n’arrive pas, le dévaste et le rend malheureux. Quelqu’un qui veut presque tout faire avec l’autre ; qui envoie des tonnes de messages, a besoin d’être constamment rassuré sur l’amour ou l’affection qu’on lui porte.  Vous voyez un peu le tableau ?  Dépendance affective, de quoi s’agit-il réellement ? Avez- vous déjà vécu ça ? Etes-vous cette personne-là ?

Cette attitude là bien qu’involontaire, est source de souffrance pour la personne et devient  malsaine pour les relations avec les autres. De ce fait, faisons un arrêt sur la dépendance affective, ce comportement qui peut paraître normal, mais qui est destructeur, pour l’équilibre affectif de la personne qui en souffre et pour celui des autres.

Qu’est-ce que c’est ?

De manière simple, la dépendance affective renvoie à un besoin excessif de l’amour et de l’affection des autres.  Ainsi, on ressent le besoin irrépressible de faire passer les besoins des autres avant les siens, oubliant sa propre personne dans le but de « garantir » leur amour à notre égard.  A cela va s’ajouter une peur maladive de la séparation et de l’abandon, une faible estime de soi et un profond manque de confiance en soi.

 Est-ce une maladie ?

On a tous besoin des autres (famille, amis, collègues, amoureux, conjoints) pour se sentir épanouis sur le plan affectif. Mais dès lors que ce besoin devient excessif ; et cause de la souffrance, il devient pathologique et on le retrouve dans ce qu’on appelle en psychologie : « le trouble de la personnalité dépendante ».  Ce trouble fait donc partie des grands troubles de la personnalité en psychopathologie ; et est défini par le DSM 5 comme étant «  un besoin général et excessif d’être pris en charge qui conduit à un comportement soumis et « collant » et à une peur de la séparation, qui est présent au début de l’âge adulte et dans des contextes divers » comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes chez la personne:

  • du mal à prendre des décisions dans la vie courante sans être rassurée ou conseillée de manière excessive par autrui;
  • besoin que d’autres assument les responsabilités dans la plupart des domaines importants de sa vie;
  • du mal à exprimer un désaccord avec autrui de peur de perdre son soutien ou son approbation;
  • du mal à initier des projets ou à faire des choses seul (par manque de confiance en son propre jugement ou en ses propres capacités plutôt que par manque de motivation ou d’énergie);
  •  cherche à outrance à obtenir le soutien et l’appui d’autrui, au point de faire volontairement des choses désagréables;
  • se sent mal à l’aise ou impuissante quand elle est seule par crainte exagérée d’être incapable de se débrouiller;
  • lorsqu’une relation proche se termine, cherche de manière urgente une autre relation qui puisse assurer les soins et le soutien dont elle a besoin;
  • est préoccupée de manière irréaliste par la crainte d’être laissée à se débrouiller seule.

On constate que le trouble de la personnalité dépendante s’étend bien au-delà de la vie affective de la personne ; il influence non seulement sa capacité à exister par elle-même et à être autonome ; mais aussi peut l’amener à développer d’autres troubles tels que l’anxiété ou la dépression.

Origines de la dépendance affective…

Ah l’enfance et son éternelle influence ! En effet, les liens d’attachement pourraient être à l’origine :

  •  peu d’attention et d’affection et/ou que l’on a responsabilisés trop tôt (« laisse maman tranquille, tu vois bien qu’elle est fatiguée », « ne fais pas de bruit, ton frère dort », etc.).
  • choc émotionnel,
  • difficultés dans leurs précédentes relations de couple
  • trouble de la personnalité dépendante

Facteurs de risque

A cause de la faible estime de soi; du manque de confiance en soi; ces personnes se considèrent comme incapables, ce qui les empêche de se débrouiller seules. Elles ont l’impression de ne pas être aimées, ce qui leur procure un sentiment d’insécurité affective. Dans les deux cas, la relation à l’autre est utilisée comme moyen de « réassurance ». De plus, le fait d’avoir grandi dans une famille dysfonctionnelle peut aussi fragiliser les liens d’attachements et le sentiment d’appartenance de la personne. On aura par exemple; un adulte qui sera « fusionnel » par besoin d’attention (qu’il n’a pas eu dans la cellule familiale); peur d’être rejeté; ou pour recréer le sentiment d’appartenance qu’il n’a pas connu. On note aussi que plus de femmes que d’hommes sont concernés par la dépendance affective.

Comment reconnaitre les signes ?

En famille, entre collègues ou amis, ce sera une personne qui aura tendance a :

  • adhérer aux idées, croyances et comportements des autres
  • vouloir toujours l’approbation des autres, par exemple le choix d’un vêtement à l’idée d’un projet
  • avoir du mal à prendre des décisions et des initiatives tant qu’elles ne sont pas validées par les autres

En couple,  on est :

  •  en attente permanente, il/elle n’est jamais satisfait.e de ce que son partenaire lui donne et ce, quels que soient les efforts de ce dernier.
  • Le dépendant attend en effet de recevoir autant qu’il donne mais ce besoin n’est jamais assouvi.
  • Il/elle peut se montrer extrêmement jaloux.se ou demander une attention particulière à son partenaire à tout moment.
  • Difficile de passer au second plan lorsque l’on souffre de dépendance affective, car chaque absence de l’être aimé est vécue comme une souffrance extrême.
  • Le seul fait d’imaginer que son partenaire puisse s’amuser et prendre du plaisir sans lui/elle semble insurmontable. Dans ce genre de cas, le dépendant affectif peut se montrer désagréable voire méchant,
  • peur de l’abandon,
  • jalousie, possessivité excessive,
  • insatisfaction chronique,
  • incapacité à prendre des décisions seul,
  • manque d’estime de soi,
  • évitement des conflits et des désaccords pour préserver la relation, toute dispute étant perçue comme pouvant mettre fin à la relation

Exemple : est -ce que tu m’aimes ? on aura beau le lui répéter, le lui montrer, c’est la seule fois où on ne le fera pas qui sera retenue.

L’autre  veut aider absolument, mais a l’impression de remplir un seau sans fond !  Il/elle ne peut combler ce vide, c’est non seulement impossible mais aussi épuisant.

Il faut noter que ça va bien au- delà de la crainte de la rupture, de la jalousie et de la possessivité, le dépendant  n’est pas comme ça pour surveiller avec qui son /sa partenaire est ; mais pour se rassurer qu’il/elle est toujours là !

Quelques conséquences

  • Un mal-être permanent puisqu’on n’est jamais satisfait
  • mauvaise qualité des relations sociales (puisqu’ils semblent se dévouer apparemment sans arrière-pensées : mais attendent quelque chose en retour. Les personnes qui souffrent de dépendance affective pensent (plus ou moins inconsciemment) qu’elles ne pourront être appréciées qu’à condition de satisfaire les attentes des autres et en font parfois « trop » et finissent par éloigner les autres d’elles)
  • mauvais rapports avec les collègues
  • difficultés à se faire des amis
  • difficulté à préserver les relations amoureuses
  • ruptures consécutives
  • tendance à développer d’autres dépendances pour combler le vide (alcool, alimentation ; drogue ; sexe ; relations plurielles)
  • dépression, anxiété, dégradation de l’estime de soi, trouble psychosomatiques

Comment s’en sortir ?

Il faut garder à l’esprit que le dépendant ne fait pas exprès, que la plupart du temps il n’en est pas conscient, et qu’il souffre d’un manque de confiance en soi. En fait, il pense à tort qu’il ne peut être aimé pour ce qu’il est, et qu’il doit vivre à travers l’autre. Mais, il est à tout à fait possible de s’en sortir à partir d’une prise de conscience personnelle :

– reconnaitre et accepter qu’on a un problème

– Le dépendant doit réussir à intégrer le fait qu’il faut d’abord s’aimer pour réussir à vivre une relation amoureuse ou amicale saine; et aussi cultiver la conviction selon laquelle il suffit juste d’être soi pour être aimé.

– se construire une sécurité intérieure pour un mieux-être et ne plus attendre que ce soit l’extérieur, une relation, une personne qui nous donne ce sentiment de sécurité

– patience et bienveillance envers soi-même, trouver des exercices qui permettent de faire des choses par soi-même et pour soi –même.

– entreprendre une psychothérapie, pour amener la personne à prendre conscience que ce sentiment d’incapacité est un ressenti, et non une réalité. Il faut lui apprendre à se sentir capable en fonction de ses réelles capacités.

Alors si vous avez l’impression que c’est votre description qui vient d’être faite ; ou celle d’un de vos proches ; pas de panique ! Soyez patient, prenez des dispositions pour effectuer  un travail sur vous-même; et consultez un psychologue parce que votre épanouissement personnel et relationnel en dépend.

Prenez soin de vous ; Samuella Mon Psy Online.

Tags: dépendance affective, trouble de la personnalité dépendante; relations amoureuses, peur de l’abandon, psychothérapie.

Crédits photos: Unsplash, Pexels.

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Je suis Samuella NOUMEDEM, psychologue clinicienne basée à Douala au Cameroun et je réponds au +237 679972937. Cliquez ici pour me retrouver sur Whatsapp : wa.me/237679972937.

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