La résilience, un « merveilleux malheur»

Qu’est-ce que c’est ?

Avez-vous déjà entendu ce mot, résilience ?  Oui ? Non ? En tout cas, elle nous accompagne tous, certains un peu plus que d’autres ;  mais elle est présente chez la plupart des êtres humains.  Pourquoi ? On a tous été confrontés à des moments difficiles, douloureux et éprouvants : décès brutal d’un proche, perte d’un emploi, ruptures, agressions, maladies, accidents catastrophes naturelles, guerres. Des périodes troubles et traumatisantes, qui la plupart  du temps nous brisent ; nous laissent complètement perdus ; mais au même moment sans que l’on ne soit toujours conscient, ces évènements négatifs révèlent en nous une force qui grandit peu à peu et qui nous aide à continuer d’avancer : la résilience.

Concept rendu populaire par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik à travers son ouvrage un « merveilleux malheur » ; le concept de résilience en physique désigne « la capacité d’un corps à résister à un choc, et ensuite à retrouver sa structure initiale.» En psychologie, elle renvoie à « la capacité à réussir à vivre et à se développer positivement, de manière socialement acceptable, en dépit du stress ou d’une adversité qui comporte normalement le risque grave d’une issue négative. » La résilience est donc ce processus de reconstruction, qui nous permet de reprendre sa vie en main après une épreuve ; après avoir perdu son autonomie ou après avoir vécu une succession de  douleurs.

Comment ça se passe ?

En général, lorsqu’on traverse une situation difficile ; on est assailli par la souffrance, les pensées négatives ; le désespoir ; le découragement et on a tendance à se résigner ; à s’apitoyer sur son sort ; on a l’impression que c’est sans issue ; ce qui est tout à fait normal. Mais, ce dont on se rend difficilement compte sur le moment; c’est que la difficulté de l’instant nous pousse à puiser en nous les ressources personnelles nécessaires à notre survie qui finissent par nous aider à surmonter l’épreuve.

Pendant ces moments, on s’appuie sur tout ce qu’on a en nous pour maintenir la tête hors de l’eau ; ça peut être notre foi ; le soutien des autres, notre type de personnalité, nos croyances ; la présence d’un être aimé ou l’accompagnement d’un professionnel. En plus de cela, selon la personnalité de tout un chacun et la sévérité de l’épreuve, des moyens de défense internes vont se mettre en place pour protéger l’équilibre de la personne affectée. Il s’agit par exemple du clivage, quand le moi se divise en une partie socialement acceptée et une autre, plus secrète. Le déni permet de ne pas voir une réalité dangereuse ou de banaliser une blessure douloureuse. Les autres mécanismes de défense sont la rêverie, l’intellectualisation, l’abstraction et enfin l’humour. Bien que certains de ces mécanismes  de défense soient rigides et peuvent nuire à long terme à l’épanouissement de l’individu ; ils participent tous à la construction de la résilience.

Ainsi, guerre, terrorisme, accidents de la vie, maltraitance, abus sexuels, mais aussi des circonstances plus quotidiennes comme le chômage ; une maladie physique ou mentale ; une relation abusive ; les violences  conjugales ; un proche toxique ou encore le harcèlement au travail : ces événements peuvent, selon chacun, représenter ou non un traumatisme et nécessiter la mise en œuvre d’un processus de résilience. Chaque individu étant unique ; nous n’avons pas tous la même réaction face aux évènements, et  seul chaque patient sait l’intensité du trauma qu’il a subi. De ce fait, ce qui affecte profondément l’un peut être aisément surmonté par un autre. En plus de cela, il est possible que ce soit à la suite de plusieurs chocs que la goutte d’eau de trop déborde et que le trauma se manifeste. C’est  par exemple le cas du personnel soignant ; et des professionnels de la sécurité (gendarmes, policiers, militaires) qui côtoient au quotidien les souffrances des autres et sont susceptible de développer ensuite ce qu’on appelle le trauma vicariant ou fatigue de compassion.

Que faire pour construire sa résilience ?

S’il est vrai que c’est très difficile de rester confiant quand tout va mal ; il est tout aussi vrai que malgré les déboires et les échecs passés, nous sommes là malgré tout.  A ce moment, nous ne pensions pas pouvoir nous relever ; mais aujourd’hui, nous sommes debout ; certains plus forts ; d’autres le sont moins ; c’est pas grave c’est un cheminement. Voici quelques pistes qui nous aident  à construire notre résilience :

  • Accepter le traumatisme…

J’aime souvent dire que l’acceptation c’est la clé ; accepter la situation, la douleur, la difficulté, la souffrance.  Accepter  que c’est arrivé, qu’on ne peut pas tout contrôler ; que malgré nos efforts la situation ne s’améliore pas et  que les choses ne seront peut-être plus comme avant.  C’est vrai que dans les cas de violences sexuelles ou d’accidents ayant conduit à une amputation par exemple, le choc des premiers instants laisse souvent place à une sorte de déni ; de repli sur soi ; de dégoût et même de refuge dans le rêve (pour un enfant par exemple), un peu comme une légitime défense selon Boris  Cyrulnik.  C’est normal, mais nier sa souffrance ou le traumatisme qui est à l’origine n’aide pas à le surmonter et nous bloque dans le passé.

  • Se reconstruire…

Quand tout va mal ; on pleure, on souffre on se résigne ; réactions humaines et normales sur lesquelles on a tendance  à se concentrer. Mais, avec le recul ; essayons de regarder de plus près : la situation était douloureuse, mais elle nous a aussi apporté des éléments positifs ; elle a mis en avant nos faiblesses  et aussi nos forces ; des aspects de nous qu’on ne soupçonnait pas.  On se rend progressivement compte que notre vision de la vie change ; notre attitude par rapport à ce qui continue de nous arriver s’améliore. De ce fait, on réagit mieux face aux difficultés, on est plus confiant,  on apprend à anticiper, à éviter et à contourner les obstacles ; bref on continue d’avancer en se débrouillant mieux que par le passé.  On a les mêmes blessures qui cicatrisent petit à petit, mais la douleur ne nous empêche plus d’avancer.  Dans d’autres cas, on réalise qu’on a pu relever certains défis,  on comprend qu’on a un potentiel unique ; on change d’orientation et on trouve enfin sa voie. On peut voir par exemple  un jeune homme  ayant subi de nombreux échecs sur le plan professionnel dans un environnement socioéconomique difficile utiliser ses souffrances pour peindre de magnifiques toiles. Ou encore, une jeune femme qui a enfin pu mettre un terme à une relation abusive, de violences physiques et psychologiques, mettre sur pied une cellule d’écoute pour d’autres personnes ayant vécu la même chose.

On n’est pas tous égaux devant l’épreuve, certaines personnes parviennent toutes seules à construire leur résilience pendant que d’autres ont besoin de soutien. Ce dernier peut venir de la présence affective de l’entourage (proche, conjoint, amis, psycho praticien, pasteur …).

La résilience…pour tout le monde ?

Y a-t-il des personnes plus résilientes que d’autres ?  Oui et Non.

La capacité de résilience est  liée aux  différents types d’attachements  (on reviendra dessus dans un prochain article) qui nous ont construits. Si les liens d’un bébé à sa mère sont forts et sécures, ils  peuvent durablement le protéger. Il sait ainsi, dans sa mémoire et dans sa biologie, qu’il pourra se défendre.

À l’inverse, l’isolement rend vulnérable aux traumatismes, tout comme il retarde la résilience. On se bat moins bien lorsqu’on est vulnérable.  

Seamless pattern of a crowd of many different people profile heads. Vector background.

La résilience est aussi fortement influencée par la famille, la communauté, la culture, et la société dans laquelle on vit. Si une maladie, un accident, des difficultés à concevoir ou à se marier sont perçues comme un échec, une sentence ou une souillure ; il est clair que le processus de reconstruction sera difficile et complexe. Si à l’inverse ; on est dans un environnement où les personnes sont encouragées à s’exprimer, partager leurs expériences et militer pour donner un sens à leurs souffrances ; la résilience sera possible.

Par ailleurs,  la signification du choc par rapport à l’histoire personnelle de la personne, et aussi de sa forme peut faciliter ou non le processus de résilience. La souffrance causée par la nature (éboulement, inondation) est susceptible d’être mieux traversée que celle causée par un individu (maltraitance, abus, conflits armés).

Ce qu’il faut retenir …

Nous avons tous la capacité d’être résilient. Car c’est avant les difficultés,  la douleur, la souffrance, le traumatisme que l’on acquiert les moyens d’y faire face : notre capacité à mettre les mots sur ce que nous ressentons, et la qualité de nos « attachements sécures », ces liens de confiance avec les autres (famille, amis, etc.) qui nous rassurent sur notre aptitude à nous défendre.

Il est donc important de renforcer sa confiance en soi, d’entretenir des liens profonds avec d’autres personnes, de considérer les crises de la vie comme des étapes nécessaires,  de ne pas craindre les changements : les solutions reposent en chacun de nous.

La vie, je ne vous apprends rien, c’est aussi ça, les hauts et les bas, ça fait partie du jeu c’est comme ça. On a l’habitude de dire que « la souffrance est école de sagesse », c’est pas pour dire qu’il faut absolument souffrir pour  apprendre ou pour devenir quelqu’un de meilleur.  Ça veut surtout dire, qu’on peut grandir à travers tout ce qu’on traverse, je nous le souhaite en tout cas.

Prenez soin de vous, Samuella Mon Psy Online .

Mots clés: psychologie, traumatisme, résilience.

Crédits photos: Unsplash, Google images.

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Je suis Samuella NOUMEDEM, psychologue basée à Douala au Cameroun et je réponds au +237 679972937. Cliquez ici pour me retrouver sur Whatsapp : wa.me/237679972937.

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